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Pourquoi un réseau national de la médiation numérique est-il nécessaire ?

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AVANT PROPOS.

La médiation numérique s’est construite depuis 15 ans autour d’impulsions, d’opportunités et d’innovations sociales et technologiques. D’abord imaginée pour résorber une Fracture Numérique -liée essentiellement à l’accès à l’équipement- à l’issue des travaux de la Mission pour l’Accès Public à Internet, la médiation numérique a mis la lumière sur plusieurs Fractures numériques (générationnelles, territoriales, économiques, etc.) et sur la diversité des pratiques numériques. Soulignant ainsi la nécessité d’accompagner des usages numériques, sans cesse renouvelés, impliquant une veille et une expertise permanente.

Après deux Appels lancés par les acteurs de la médiation numérique parus début 2013 démontrant la légitimité et la capacité de notre secteur à contribuer à la politique gouvernementale, il apparaît que la médiation numérique est de plus en plus citée, voire sollicitée :

–       Feuille de route numérique gouvernementale,

–       Rapport Lebreton sur « Territoires numériques de la France et de demain – sept. 2013 »,

–       Rapport du Conseil National du Numérique sur l’e-inclusion,

–       Définition des prochaines Contrats de Plan Etat-Régions

–       Aménagement des Rythmes Scolaires,

–       etc.

Ainsi, les pouvoirs publics et les industriels, après avoir centré l’attention et les moyens sur les seules infrastructures, mettent au cœur de leurs discours et intentions la notion d’usages numériques.

Mais à y regarder de plus près, ces discours et plans d’actions sur les usages numériques sont élaborés sans réellement savoir de quoi il s’agit, ni implication particulière. Il s’agit bien trop souvent d’actions de communication réunissant les termes d’usages et de citoyens comme des mots clés « tendance[1] » sans prendre en considération la place de la population quant à ces questions.

En effet, tout le monde comprendra que s’il y a des usages, il y a forcément des usagers.

Mais qui sont-ils, que demandent-ils, quelles sont leurs difficultés, vers qui les oriente-t-on pour répondre à leurs attentes ?

Une récente étude de la SOFRES[2] montre que 42% des Français sont prêts à se rendre dans des lieux « d’éducation au numérique ». Mais qui leur dit que des milliers de lieux labellisés par l’Etat sont là pour cela ? Que des professionnels de la médiation numérique (EPN, FabLabs, Médiathèques, etc.) reçoivent et accompagnent tous les publics, et ce, depuis près de 15 ans ? L’Etat lui-même, pourtant initiateur et parfois financeur de ces lieux a tendance à l’oublier, la quasi absence d’EPN retenus dans le cadre de l’Appel à Projet national 2013 sur les FabLabs en est un triste exemple…

Chaque jour, des dizaines de milliers de demandeurs d’emploi, de retraités, d’artisans, d’étudiants, de créateurs d’entreprise, d’agriculteurs, de militants, de précaires, etc. franchissent les portes de ces « Tiers-lieux » pour bénéficier d’un accompagnement aux usages numériques !

L’Economie numérique ne saurait se résumer aux seules problématiques de débit et de produits et services à y déployer. Sans usagers éclairés et compétents, cette stratégie uniquement industrielle ne saurait être couronnée de succès. Des usagers capables de faire des choix éclairés, acteurs du numérique et vigilants quant aux stratégies commerciales souvent prédatrices du secteur technologique.

Alors que la French Tech devient un étendard que toute le secteur numérique devrait suivre, qui se soucie de savoir si la société comprend et s’approprie cette approche désincarnée du numérique (bien loin d’ailleurs du projet initial de Quartier numérique). Un éloignement parfois tel qu’il se retourne contre le citoyen, les récentes révélations concernant l’espionnage massif de nos échanges numériques (y compris par des opérateurs français) en est un exemple éclairant.

Le numérique peut tout à la fois libérer la société tout comme il peut la faire basculer vers le totalitarisme. Seule l’éducation au numérique évitera la bascule.

Mais la courte histoire de l’informatique nous l’a souvent montrée : les communicants et les techno-prophètes ne prennent pas le temps d’analyser l’impact des effets et la réalité d’appropriation par le terrain.

Nous ne saurions valider l’idée que la création de valeur puisse se faire sans ancrage sociétal et sans un accompagnement contextualisé aux usages.

Or, ce sont cet ancrage sociétal et cet accompagnement que la médiation numérique propose, à condition d’être reconnue et de pouvoir travailler comme acteur à part entière de la transition numérique de la société.

Il est donc temps que celles et ceux qui parlent d’innovation et de prospective prennent plus la mesure de leurs propos en lien avec nous, acteurs de terrain au contact quotidien de toutes les couches de la société.

 DEVELOPPER UNE CULTURE NUMERIQUE PARTAGEE.

Une vidéo désormais célèbre démontre en quelques minutes que sur Internet, « Si c’est gratuit, vous êtes le produit ». Les réseaux sociaux, les webmails, le stockage en ligne, les vidéos streamées, etc. sont gratuites à l’usage mais génèrent de l’économie par la vente de données comportementales que d’aucun qualifierait de « privées » ; sans compter que la plupart des sociétés concernées pratiquent l’optimisation fiscale et soumettent (volontairement ou non) des informations à des agences de renseignements à notre insu…

Or, qui en France est capable d’expliquer et d’amener les citoyens à prendre conscience des enjeux et des rouages qui sous-tendent l’Economie numérique ; si ce n’est la médiation numérique ?

Et alors que des sociétés privées voudraient que chaque Français soit un codeur en puissance pour débrider l’économie, ne serait-il pas temps de mettre en place une stratégie ambitieuse de développement d’une Culture numérique partagée par chaque citoyen (et avec eux) ?

Il est donc temps de sortir d’une approche essentiellement libérale qui met en avant le talent individuel au détriment d’une approche collective. Il s’agit là d’une vision étroite de la société qui cloisonne et exclut là où la médiation numérique propose d’amener les talents et capacités des citoyens vers la contribution au profit du Bien commun et la création de Valeur sociale.

La médiation numérique, pleinement acteur de l’Economie du même nom, doit être reconnue au niveau national comme le garant de la Culture numérique citoyenne qui permettra d’aller vers une meilleure inclusion ; dépassant dès lors la seule posture de consommation.

 ARSENIC veut participer à la création d’un réseau national au sein de CREATIF.

Arsenic soutient l’idée que Créatif est la seule structure nationale à pouvoir démontrer la place de la médiation numérique dans l’Economie numérique.

Une médiation numérique qui après s’être développée autour de l’Accès public à Internet est désormais plurielle (Tiers-lieux, médiathèques, musées, co-working, FabLabs, etc.).

Une médiation numérique qui éclaire le potentiel transversal des usages numériques pour l’ensemble des secteurs de la société (publics et privés).

Une médiation numérique qui apporte une réponse sur le déploiement des usages d’hier, d’aujourd’hui et de demain à l’échelle de tous les territoires de projets.

Une médiation numérique garante d’un Culture numérique citoyenne partagée.

Ainsi le rôle de Créatif devrait être :

– de participer à la reconnaissance, à la structuration et la pérennisation des professionnels du secteur (quels parcours de formation, quelles reconnaissances de diplômes, quelles fiches métiers, quelles filières, etc. pour plus de 10000 professionnels).

– d’imposer la médiation numérique comme un interlocuteur de la définition des politiques de développement local.

– d’insister sur la transversalité des actions de la médiation numérique, y compris dans les secteurs de l’innovation.

– d’impulser une politique nationale de développement d’une Culture numérique citoyenne.

– de participer et d’initier des débats de société sur les questions du numérique.

– de se faire le porte-voix et le défenseur des intérêts de notre secteur.

Pour cela, Créatif doit donc :

–       revoir ses statuts.

–       élargir sa représentation.

–       construire un cadre juridique et une gouvernance permettant de conserver les collectivités territoriales au sein de Créatif.

–       aller très rapidement à la rencontre des décideurs de l’Economie numérique.

–       renouveler sa gouvernance pour être en adéquation avec un secteur pluriel.

–       rendre visible ses adhérents et plus globalement la médiation numérique dans les instances de décision et lors d’événements.

–       Construire et porter un discours politique.

–       Définir une stratégie opérationnelle de mise en œuvre (recrutement, calendrier de rencontres, etc.).

[1] En autres exemple la part fait aux usages numériques dans le bilan des 12 premiers mois de mise en œuvre de la Feuille gouvernementale du numérique : http://www.gouvernement.fr/gouvernement/bilan-de-12-mois-d-actions-pour-une-france-numerique?xts=38025&xtor=EPR-148403-%5Binfolettre%5D-20140313-%5Bbilan_de_12_mois_dactions_pour_une_france_numerique%5D&xtdt=23245559

[2] http://www.tns-sofres.com/etudes-et-points-de-vue/les-francais-et-le-numerique-2011-2014

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