ECM René Char

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Au bord de la Bléone, les 17 000 Dignois et autres curistes bénéficient de 3 Espaces Régionaux Internet Citoyens, de l’espace multimédia de la médiathèque et du CyberCAFE installé au centre-ville. Autant dire que l’accès à Internet, à Digne les Bains, on sait ce que c’est et depuis bientôt 20 ans maintenant !

En effet, c’est en 1995, sous l’impulsion de Jean Louis Bianco, alors maire de Digne les Bains, que la ville a lancé un des premiers CyberCAFE municipaux de France au sein du Centre culturel René Char; lui-même ouvert en 1970 durant l’âge d’or de l’Education Populaire. « Outre la réduction de la fracture numérique, nous voulions dès le départ faire le lien entre numérique et culture ; c’est pourquoi l’animation de l’espace multimédia a d’abord été confiée à un artiste-plasticien » précise Muriel Yvan, directrice du Centre culturel. Et dès 1998, le CyberCAFE de Digne les Bains a été labellisé Espace Culture Multimédia (ECM) par le Ministère de la Culture.

Puis d’autres services de la ville se sont progressivement équipés afin de répondre aux besoins de leurs publics. C’est notamment le cas du Pôle Social et du Bureau Information Jeunesse

En 2003, la Région Provence Alpes Côte d’Azur initie le programme ERIC et labellise rapidement la ville à travers les 3 sites. Grâce à cette identité commune, les ERIC dignois élaborent en 2007 le projet TRIPTIC dans le cadre du FS2i (Fonds de Soutien aux Initiatives Innovantes) de la Région.

Il s’agissait alors de saisir l’occasion de cet appel à projet pour structurer une offre territoriale d’accompagnement aux usages numériques via un réseau « en étoile ». Les ERIC ainsi réunis mettant en place une offre de service et une communication communes, les animateurs bénéficiant de formations via le CNFPT et les partenariats étant développés (CIDF, ANPE, A perte de vue, Comité du Pays dignois, etc.)

Avec un focus particulier sur l’accès aux services numériques pour les publics en situation de handicap via l’acquisition de matériels et de logiciels spécifiques, dont deux imprimantes braille.

« Le projet TRIPTIC a été un moment fort qui a permis de mettre en place une vraie dynamique sur les 3 ERIC. Mais progressivement, le cœur de métier de chaque lieu a repris le dessus, les priorités et les agendas des uns et des autres ont du mal à se caler » regrette Muriel Yvan.

Et même si les équipes se rencontrent encore à l’occasion de projets ; la coordination s’est petit à petit estompée. L’ECM a élaboré ses propres projets en lien avec les artistes, le Pôle Social s’est spécialisé dans l’accompagnement des retraités et le BIJ utilise essentiellement l’ERIC comme un espace de recherche d’emploi ou de formation pour les jeunes. « On projette,  notamment avec la nouvelle directrice du CCAS, de réactiver la coordination des 3 lieux. Les équipes se connaissent et continuent à échanger… » poursuit la directrice.

A terme, il s’agira aussi de faire le lien avec la médiathèque qui dispose d’un parc de 10 ordinateurs mais qui dépend de la Communauté de Communes.

Ainsi, l’ambition de TRIPTIC de créer un réseau en étoile homogène a eu du mal à perdurer. Le projet aura néanmoins permis de structurer les offres de service de chacun, avec leurs spécificités de fonctionnement vis-à-vis de publics différents. Chaque ERIC a donc continué à développer ses pratiques et à maintenir les équipes.

CO-OEUVRER

S’entourer des partenaires est une nécessité pour un ERIC orienté dans les pratiques culturelles et artistiques.

L’Espace Culture Multimédia participe du projet global du Centre culturel René Char, à travers notamment la programmation culturelle « Sortir à Digne » qui inclus l’accueil d’artistes, notamment numériques. Des résidences qui incluent tout à la fois la mise en place d’une création (concert, exposition, etc.) mais aussi la co-animation d’ateliers au sein de l’ECM.

Le projet SONOLITIC mis en œuvre en 2011 dans le cadre de l’appel à projet Appropriation Sociale des TIC de la Région Provence Alpes Côte d’Azur en est le meilleur exemple.

Il s’agissait de provoquer la rencontre de deux visions artistiques différentes ; celle de l’artiste Emmanuel Dilhac qui depuis 25 ans élabore des ponts entre une création picturale inspirée par la nature et sa création musicale, et celle de Scénocosme qui propose plusieurs expériences sensorielles sous forme d’installations interactives qui questionnent nos relations énergétiques invisibles avec notre environnement (les êtres vivants, les plantes, les roches, l’eau…).

Durant leurs deux mois de résidence de création, ils ont collecté des matériaux sonores et visuels issus du territoire dignois et de sa géologie. Et c’est à l’issue de cette résidence qu’une création musicale et une installation interactive ont été produites.

Mais à cela ce sont ajoutés des ateliers participatifs co-animés par les artistes et l’équipe de l’ECM. Lors de ces ateliers, les participants (des enfants de 8 à 14 ans et des adultes) ont été invités à manipuler les matières sonores et les vidéos aussi bien physiquement que numériquement. L’ensemble de leurs interventions a alors été réinsufflé dans la nouvelle œuvre interactive « Dilution » de Scénocosme, commande de la Ville

« C’est exactement ce que nous aimerions développer dans l’avenir, des résidences d’artistes numériques permettant la création d’œuvres singulières impliquant souvent la participation du public» précise Muriel Yvan

Une innovation artistique ouverte que l’on retrouve sur d’autres projets menés par l’ECM en lien avec d’autres ERIC comme les Webcartoons (avec le Portail des Savoirs à Pertuis), les E.toileurs (avec le Logis des Jeunes à Cannes) ou les Films dans la Poche (avec ZINC à Marseille). Cette démarche est d’autant plus renforcée qu’elle s’appuie sur le duo des « Deux Cécile » comme les appelle leurs partenaires : Cecile C. qui a développé un réel talent en Musique Assistée par Ordinateur et Cécile M. formée aux Beaux-Arts et ancienne prof d’Arts Plastique, « ici, on a l’avantage de créer, produire et utiliser les TIC à la fois avec les artistes et les publics

UN PEU, BEAUCOUP

Concernant ces publics, il est important d’utiliser le pluriel.

Il y a tout d’abord le public de l’accès libre. Chaque semaine, quel que soit l’ERIC, des créneaux d’accès libres gratuits ont été maintenus. Et ça ne désemplit pas !

Bien sûr il y a ceux qui viennent parce qu’ils n’ont pas de connexion chez eux, mais la plupart viennent pour le lien social qui s’y crée, certains se donnant directement rendez-vous à l’ERIC… Et même si le parc informatique se fait un peu vieux, les fidèles continuent à venir, à échanger avec les autres tout en bénéficiant du soutien des animateurs. Cécile M. le dit-elle-même : « Je connais certains utilisateurs depuis que j’ai commencé ici en 2005. Ils ne viennent que pour l’accès libre mais au fur et à mesure ce sont des relations quasi amicales qui se tissent ».

Il y a aussi les publics des ateliers. Organisés à l’échelle d’un trimestre, ces ateliers connaissent, eux, un succès quantitatif inégal.

Il y a eu par exemple lors du projet TRIPTIC l’instauration d’un créneau dédié aux associations, mais celles-ci ne s’en sont pas emparées. Il a fallu y renoncer, au profit finalement de l’accès libre.

Il y a aussi les ateliers dans le cadre des projets artistiques et culturels à l’ECM, relayés par différents supports de communication comme la plaquette des ateliers, largement diffusée avec le soutien de « Sortir à Digne », Digne Magazine, le site web municipal, sans compter le propre site du centre culturel.

Ouvert depuis plus de 40 ans, l’espace culturel est certes reconnu pour sa programmation originale et contemporaine (« même si on aimerait faire beaucoup plus de place à des spectacles d’Art numériques »), mais pas encore suffisamment sur sa démarche de participation active du public…

Et puis enfin, il y a les ateliers dont on assume le fait qu’il n’y ait que très peu de public. Comme les ateliers créatifs du mercredi destinés aux jeunes, autour du Slam, des ombres portées, des marionnettes, etc. Depuis 3 ans, un groupe de 5 ados vient toutes les semaines. « On essaie de se donner du temps. Ils construisent beaucoup avec nous, j’en connais certains depuis qu’ils sont gamins » explique Cécile M.

Et quoi qu’il en soit, quand on est à Digne et qu’on met en place des ateliers à l’intérieur, on a deux concurrents de taille : le soleil et la montagne ! Les deux Cécile auront toujours du mal à rivaliser…

 

Contact :

Centre Culturel René Char